Le partages des tâches du foyer évolue, et pourtant…
Lorsque l’on vit en concubinage, tôt ou tard la question du partage des tâches du foyer apparaît. La question est d’autant plus sensible lorsque la famille grandit. Loin de moi l’envie de faire la morale, ou de prêcher une façon de faire qui serai la « bonne ». Non, j’ai juste envie de partager ce qui a pu m’aider dans ma vie personnelle. Parce que l’organisation d’un foyer engage évidement la capacité d’organisation de chacun, mais également la notion de valeur propre à chacun. Grand et vaste sujet, puisqu’il s’agit des valeurs qui sous-tendent à notre conception du couple, de la famille, du foyer et de la collaboration. Mais aussi, osons le dire, de la notion de genre qui est aujourd’hui sujet à un « remaniement » collectif.
Cet article s’adresse donc, sans différence de genre :
- À ceux et à celles qui ont l’impression que leur couple bat de l’aile à cause du partage des tâches ;
- À ceux et à celles qui ont l’impression que les échanges du couple tourne autour de l’organisation du foyer ;
- À ceux ou celles qui ont l’impression de courir d’une urgence à l’autre ;
- À ceux et à celles qui ont l’impression que plus ils / elles en font, plus il reste à faire ;
- À ceux et à celles qui ont l’impression que l’autre (conjoint / conjointe) ne fait pas assez ;
- À ceux et à celles qui ont l’impression que tout repose sur eux ;
- À ceux et à celles qui ont l’impression que leur vie leur échappe, faute de temps ;
- À ceux et à celles qui ont l’impression que la vie est faite de « il faut que… » ;
Equité à tout prix ?
La question du partage des tâches est une question si sensible qu’elle apparait fréquement dans les causes de ruptures. Selon un sondage fait par le site de rencontre smartdate, en 2011, sur 4834 personnes francophones, les disputes autour du ménage seraient la 3ème cause de rupture (honte à moi, j’ai pas trouvé le sondage en question sur la toile, néanmoins bon nombre d’articles citent cette source).
Pour autant, un flicage du couple ne résout pas tout. Les propos de Franck Furedi, sociologue, soulignent un point important : «Dans une relation équilibrée, on constate souvent que le partage des tâches n’est pas formalisé. Chacun prend en charge ce qui doit être réalisé, sans comptabiliser l’implication de l’autre. Tenir un compte des tâches effectuées par chacun est plutôt un signe de formalisme, qui incite davantage au conflit qu’à la recherche d’une solution harmonieuse.»
L’équité est une chose. Et dans un monde idéal, le partage des tâches du foyer ainsi que la charge mentale qui s’y rattache est l’affaire des partenaires. D’ailleurs, si le partage est inéquitable et que les partenaires sont satisfaits de cette solution, pas la peine de chercher l’équilibre, il s’est défini de lui même.
Non, là où le bât blesse, c’est lorsqu’un des partenaires souffre de la situation, sans pour autant trouver une solution. Pire encore, l’un en souffre et l’autre estime que la répartition est correcte, refusant le dialogue. Commence alors à s’installer la frustration, la fatigue éventuelle, voir un surmenage psychologique ou physique.
Pas étonnant de trouver de plus en plus de cas de rupture invoquant ce motif. Pas étonnant non plus, de voir de plus en plus de parents au foyer déclarer un burn-out « maternel ou paternel ».
S’organiser, c’est communiquer
L’inconvénient est que la communication est essentielle à l’organisation. Et nous ne sommes pas brillant en la matière, nous homo sapiens sapiens du 21ème siècle. La communication qui touche aux besoins de l’un et de l’autre partenaires est souvent imparfaite au sein du couple (et dans toute autre relation humaine, car nous sommes imparfaits).
Combien d’entre nous peuvent s’affirmer tout à fait compétent pour :
- Connaître pleinement ses besoins et de faite les limites qui vont avec ;
- Être pleinement capable de savoir les exprimer au sein du couple de façon « saine » sans jeux de pouvoirs, sans triangulation, sans sous-entendu, sans réaction « passives-agressives »… Bref, comme un maître de Communication Non Violente.
- Être capable d’entendre et de comprendre les besoins de l’autre et d’en tenir compte au quotidien ;
- Être capable de faire la différence entre un besoin et une envie ;
- etc…
Quand ça part en cacahuète
De ce que j’ai pu vivre dans mes différents couples, un même sénario revenait souvent lors des prises de tête autour de la charge ménagère : les toujours et les jamais.
Lui comme elle étant sûrs de leur propre perception (de l’égalité du partage des tâches), s’enorgueillissent d’être celui qui fait TOUJOURS, alors que l’autre ne fait JAMAIS. De mon expérience, ce genre de discussion est stérile et contre-productive.
Du coup, si vous en êtes là, c’est que vous avez échoué (à deux) à trouver un équilibre naturel, de façon spontanée comme le préconise le sociologue Franck Furedi.
Et que, à priori, vous n’avez pas la même conception du partage des tâches et potentiellement du rôle de chacun au sein du foyer. Et peut-être que votre niveau d’exigence, en terme de « bien fait » ou « mal fait », n’est pas le même.
Sphères d’influences
Prenons les choses dans l’ordre : ce qui est de votre sphère d’influence et ce qui n’en est pas.
Votre niveau d’exigence vous appartient. C’est votre sphère d’influence.
Le niveau d’exigence de l’autre ne vous appartient pas. Ce n’est pas votre sphère.
Votre niveau d’exigence correspond à vos besoins à vous. Il en est de même pour votre partenaire, cela correspond à ses besoins. Chercher à changer le niveau d’exigence de l’autre, c’est chercher à le faire changer sur ses besoins et sa perception du monde. Ceci se nomme de l’ingérence. Je plaide coupable, j’ai essayé, ça ne marche pas et c’est extrêmement violent à recevoir pour l’autre. Donc si, comme moi, vous avez vos petites manières pour étendre le linge (comme-ci et pas comme ça), réfléchissez bien. Trois choix s’offrent à vous :
- Lâcher prise et laisser l’autre faire à sa façon ;
- Descendre votre niveau d’exigence afin de trouver un seuil qui convient aux deux. Attention c’est de la négociation qu’il faut faire et pas imposer sa vision, sinon c’est de l’ingérence!
- Choisir de le faire vous même, sans couiner, jusqu’à changement d’avis sur la question.
La conception du partage des tâches et des rôles de chacun au sein du foyer
Ces deux items vont ensemble. Il est difficile de les considérer séparément, car tous deux renvoient à des croyances sous-jacentes, propres à chacun. Donc attention, sujet sensible, voir hyper-sensible. Deux pistes de réflexion pour ouvrir le débat avec votre partenaire en toute bienveillance :
NB: Si vous ne vous sentez pas de tenir cette conversation dans le respect et l’écoute, ne perdez pas votre temps, cela risque d’être souffrant et non productif.
Petit conseil pour mener à bien cet exercice : afin d’être le moins identifié à votre modèle et afin d’éviter de vous sentir blessé, prenez cet exercice comme un jeu. Un jeu de découverte de l’autre, pas un jeu où le but est de gagner…
Pour vous aider, vous pouvez choisir de prendre note des caractéristiques du modèle que votre partenaire vous présente. Soyez créatif, utilisez une mindmap, un paperboard tout ce qui peut rendre ce moment « atypique », histoire que cela ne ressemble pas à une de vos disputes.
- Qu’est-ce qu’une juste répartition selon toi?
A cette étape, si la question est bien comprise, la réponse sera factuelle. Elle répondra à la question « quoi ? » et « comment ? ».
Est-il question d’équité de temps ? De responsabilité partagée à deux ? Au contraire, d’une répartition équitable des responsabilités entre les deux ? Est-ce que cela tient compte des « préférences » de chacun ? Etc.
Que chacun écoute attentivement le modèle de l’autre, puis présente son modèle idéal. Le différentiel entre l’un et l’autre peut-être facile à ajuster, ou pas. Si c’est l’option « ou pas », et que les concessions à envisager vous semble être difficiles à mettre en place, source de souffrance, voici un scoop : VOTRE COUPLE EST FOIREUX.
- Et pourquoi? Pourquoi penses-tu que ton modèle est idéal?
A cette question aucune réponse sera factuelle. Les réponses ne serons que des croyances sur ce que doit être le partage des tâches selon le partenaire qui les énoncent.
Et les votres aussi seront des croyances.
Ni l’un ni l’autre n’a raison de façon absolue. Vous avez tous les deux votre façon de voir le monde et c’est votre vérité. J’irai même plus loin, si vos vérités respectives ne sont pas compatibles avec celles de votre conjoint(e) comment voulez vous mener une vie heureuse à deux?
Et comme pour la première question, si le différentiel entre les deux visions ne peut-être amoindri avec de la collaboration de la part des deux partenaires : VOTRE COUPLE EST FOIREUX.
Entente difficile
Si à cette étape, vous avez fait le constat que vous êtes déjà familier avec les reproches qui commencent par des « toujours » et des « jamais », si vous avez échoué à trouver un terrain d’entente, en utilisant les deux questions du paragraphes précédents ; je vous invite à sérieusement prendre un temps de réflexion et de soin pour votre couple.
Si vous êtes seul(e) à vous soucier du partage des tâches mais que vous n’osez pas encore regarder en face la réalité de l’incompatibilité de votre partenaire, si vous avez répondu aux deux questions précédentes et qu’ils vous semble à tout les deux qu’un « renouveau » dans le partage des tâches s’impose, mais que vous ne savez pas comment faire pour ne pas retomber dans les vieux dossiers toujours-jamais, la suite est pour vous.
Comment savoir si l’on est équitable sans savoir ce que l’on partage ?
Cela reviendrai à se partager une somme d’argent inconnue en disant : « que chacun prennent ce qu’il veut en quantité libre quand il veut ».
Avec ce genre de métaphore on comprend mieux l’absurdité du projet si il n’y a pas usage de bonne volonté et de réciprocité.
Au commencement…
Déjà connaitre la charge de travail que représente la gestion de votre foyer. Sinon l’objectivité est impossible. Voici ce que je vous propose, si vous n’avez pas trouvé mieux :
Tout d’abord lister les catégories en termes de temps. Quelles sont les taches qui reviennent quotidiennement ? Celles qui sont hebdomadaires ? Et peut-être auriez vous envie de jouer les justiciers, et que vous pousserez la recherche avec une vision mensuelle, saisonnière, voire annuelle, mais je vous le déconseille. Cela risque d’aggraver la situation. Comme dit l’adage : « l’enfer est pavé de bonnes intentions ».
- Tâches quotidiennes ;
- Tâches hebdomadaires ;
En suite je vous suggère de poser des catégories. Afin de différencier les buts différents. Prendre soin des enfants ne vise pas les mêmes objectifs que laver les vitres ou passer l’aspirateur. Pour autant, passer du temps avec ses enfants en vue de les éveiller, de les outiller pour la vie n’est pas une charge à mes yeux. Par contre en terme logistique, véhiculer les enfants à l’école, gérer leur petit déjeuner est une responsabilité récurrente pour les adultes du foyer et cela prend un temps certain. Suggestions de catégories:
- Gestion enfants;
- Foyer ménage
- Jardin
- Etc…
L’enfer est pavé de bonnes intentions
Libre a vous de choisir les domaines ou vous souhaitez observer une recherche d’équité. Vous pouvez très bien vous en tenir à simplement les taches ménagères quotidiennes et hebdomadaires. Et c’est ce que je recommanderais dans un premier temps. A mon avis, c’est déjà très intéressant en soi de voir comment se divisent les tâches quotidiennes entre deux personnes.
Et si l’équité n’est pas atteinte, pas la peine d’en rajouter avec la gestion du gazon, la taille des roses ou le nettoyage saisonnier des joints de la salle de bain à la brosse à dents.
Temps ressources en plus
Attention, la notion de timing est importante, elle permet d’avoir une idée précise du temps que cela prend. Car en réalité, lorsqu’on est dépassé, débordé par les tâches du foyer, ce qui nous met en difficulté n’est pas la charge en elle-même, mais bien le temps que cela prend qui nous prive d’un temps qui pourrait être utiliser à d’autres projets plus ressourçants.
Pour étayer un peu ma réflexion, dans mon précédent couple, étant mère au foyer avec deux enfants en bas-âge, dont un seul en maternelle et l’autre avec moi, j’avais envie de lancer ma propre activité professionnelle. Selon la vision de mon compagnon du moment « si je n’y arrivait pas, c’est que j’était mal organisée ». Ok. J’ai donc chiffré tout le temps que je passait en charge du foyer, ménage, transport du petit à l’école etc. Et ce durant de nombreux mois, jusqu’à que je prenne ma réalité en pleine gueule.
Sur plus d’un an, en moyenne, je passait entre 26h et 35h à gérer le foyer (bref, un job). Tu m’étonnes que j’arrivait pas à lancer mon activité en auto-entreprise. Ajouter à cela, des nuits courtes avec petits enfants, un allaitement long, une charge mentale de « bonheur obligatoire » à coup de décroissance; produits ménager fait-maison, jardin potager, etc… Bref, « l’enfer est pavé de bonnes intentions ».
Donc, si comme moi, vous avez besoin de prendre la réalité en pleine face pour commencer à grandir et choisir une vie qui vous convient, voici une piste pour objectiver votre quotidien.
Ce que cet exercice (que j’ai mené durant de longs mois avant la rupture) m’a permis de comprendre :
- Les jamais et les toujours ont nettement diminué, puisque j’avais une trace sous les yeux de ce qui ce passait en vrai. J’ai gagner en tempérance et en objectivité.
- J’ai gagné en réalisme. Ce que je croyais possible ne l’était pas, vu le temps qu’il me restait chaque jour. Néanmoins, cela ne m’a pas découragée, au contraire.
- J’ai appris à m’organiser, encore mieux, et en vrai.
- J’ai appris à me fixer des objectifs réalisables ;
- J’ai appris à trier les priorités ;
- J’ai appris à lâcher prise, la où je le pouvais ;
- J’ai appris a prendre sur moi, vraiment, lorsque c’était trop important pour lâcher, sans chouiner.
- j’ai appris à regarder en face ma réalité.
- J’ai appris à faire mes choix et à assumer, vraiment. Y compris les conséquences.
A venir en complément d’article: des trames de suivi tout prêt à l’emploi en PDF!
Oui il faut lâcher prise. Je crois que c’est la première chose à faire et pour plusieurs raisons.
1- la recherche de la perfection (que personne n’a demandé) s’accompagne d’un puissant désir de reconnaissance (que du coup personne ne comprend).
2- chacun a sa notion du timing et de l’exigence de la tache à faire.
Pour les uns il faut nettoyer le sol, tous les jours, qu’il soit sale ou non.
Or il suffit de relâcher la pression et que la saleté soit à peine visible pour déclencher la réaction chez l’autre. Donc baisse de pression d’un côté, investissement et partage de l’autre.
3- à défaut de déclencher une action spontanée, ça montre bien à l’autre personne ce qui se passe quand « personne » ne fait rien. L’importance de la tâche à accomplir.
Travail vs Maison ça peut être un partage équitable.
Mais Travail vs Travail + maison …