Note : après rédaction de cet article, je me rends compte qu’il y aurait là largement matière à détailler bien plus chacun des points abordés, et plein de sujets à aborder encore… en réalité tout ça mériterait largement un bouquin. Aussi, ça vient de germer en moi comme un autre projet… mais voilà déjà de quoi bosser, pour ceux que ça intéresse.

Suite aux textes sur mon blog perso sur la préparation physique générale, j’ai eu l’idée de poursuivre l’idée de préparation générale avec le mental. Parce qu’on vit une époque formidable et intéressante, qui nous amène à clairement faire face à des tas de situations changeantes, incertaines, stressantes et frustrantes… auxquelles on pourra plus facilement survivre si on prépare son esprit.

Que ça soit une agression, une situation de survie, l’annonce d’une maladie, un problème grave au boulot, un divorce, une altercation avec quelqu’un de cher, un enfant en perdition, une perte de repères quelconque, un effondrement X ou Y, personnel ou collectif, notre esprit est bien souvent ce qui fera la différence entre un problème… et l’apocalypse intérieure.

« Peu importe ce qui vous arrive, ce qui compte c’est ce que votre esprit en fait ».

Aussi, de préparer son corps, ou son matériel, ou sa situation financière, ou peu importe quoi pour se prémunir de l’incertitude de l’existence ne servira strictement à rien si vous n’avez aucune maîtrise de votre esprit ; si vous ne l’avez pas préparé à être un outil efficace et robuste. Une part de vous qui sera là pour vous quand vous en aurez le plus besoin. Et une des bases pour préparer le terrain se situe dans nos croyances, nos représentations du réel, nos catégories mentales, etc.

Quelques « applications » à tester

Notre esprit fonctionne un peu comme nos smartphones. On y installe, au fil du temps, des applications. Ces applications, ce sont nos croyances. Elles ne sont ni vraies ni fausses dans l’absolu. Elles sont juste comme des filtres qui vont nous faire percevoir la réalité d’une manière ou d’une autre, nous ouvrir ou nous fermer des possibilités de comportement, et déclencher des émotions face à telle ou telle situation, etc.

Par exemple, si j’ai installé une croyance « je dois être utile pour avoir le droit d’avoir ma place », je suis sans arrêt obligé de me sacrifier, de rendre service aux autres coûte que coûte pour ne pas vivre l’angoisse d’être rejeté, banni, de ne plus avoir de place, etc.

La bonne nouvelle, c’est que ce genre de programme peut se désinstaller, si on le souhaite vraiment. Le problème n’est pas tellement de les désinstaller. Il est souvent plus difficile, surtout, de comprendre pourquoi on les a installés à l’origine, et à quoi on croit encore qu’ils servent, inconsciemment. Et des résistances à l’installation ou à la désinstallation d’un programme rendent le boulot plus complexe. Mais une fois qu’on a « débuggé » tout ça, c’est généralement assez facile de les mettre à jour. Et en gagnant en connaissance de soi, avec le temps on devient un vrai virtuose du débuggage des applications défectueuses ou obsolètes. Et oui, c’est beaucoup à que que servent les thérapies. Ou le coaching pour les gens qui vont bien (ou « normalement mal ») et qui souhaitent aller encore mieux.

Mais bref.

Certaines applications que nous avons, culturellement installées dans notre pack de logiciels de base en tant qu’occidentaux, sont extrêmement utiles pour vivre ensemble, et être de bons petits soldats et autres employés modèles. Mais nous pourrissent littéralement la vie dès que le système ne tient plus ses promesses, et nous demande plus d’autonomie, plus de créativité et plus de pensée latérale.

Quelques exemples de croyances courantes qui nous rendent particulièrement fragiles :

« Je ne vais plus évoluer… je suis bon ou mauvais, et si je ne suis pas assez bon on va me bannir, donc je dois tricher pour montrer seulement mes bons côtés ». Cette croyance là est une pure connerie, et doit d’urgence être mise à jour. La mise à jour à faire est : « nous pouvons tous progresser, si nous le souhaitons, et les relations saines permettent des feedbacks constructifs pour y arriver ».

Malheureusement, cette mise à jour est généralement incompatible avec la plate-forme matérielle « management par la terreur » ou « famille toxique » et ne s’installera pas bien dans cet environnement. Il est souvent préférable de conserver les deux versions du logiciel, le temps de migrer vers un environnement moins obsolète.

Un autre exemple de logiciel particulièrement nocif pour nous comme pour notre biotope est « je dois consommer des produits compatibles pour avoir ma place dans un groupe« . La mise à jour est simple, et connue de tous : « prioriser l’être et les relations saines, et laisser de côté l’avoir, nous rend plus humains et plus heureux ». Mais encore là, l’environnement matériel obsolète rend la mise à jour complexe, et plein de gens gardent les deux versions actives, ce qui disperse leurs ressources système.

D’autres exemples ?

  • la gentillesse, c’est de la bêtise et de la faiblesse –> on peut être bienveillant sans être une victime ;
  • la sensibilité est une preuve de faiblesse –> être sensible permet de mieux percevoir son environnement, et peut être une très grande force ;
  • je n’ai pas le droit de me défendre –> j’ai le droit et devoir de poser des limites saine pour me protéger ; j’ai le droit d’exister ;
  • je ne mérite pas –> j’ai le droit d’exister tel que je suis, et de progresser si j’en ai envie ;
  • etc.

L’important, au final, c’est de comprendre que nos croyances sont des lignes de code. Elles ne sont pas la réalité. Elles sont des filtres pour voir la réalité d’une manière ou d’une autre. Et qu’on a le droit et le devoir de choisir des croyances qui nous sont utiles pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, en tant qu’humains, avec nos valeurs, nos tropismes, nos élans, et notre capacité d’évolution.

Quelques exemples de croyances utiles pour préparer son esprit en ces temps troublés

Voici une petite liste de croyances que j’ai choisi d’installer dans mon système. Elles fonctionnent pour moi, et je ne garantis pas qu’elles seront bonnes pour vous. Libre à vous de les tester et de les désinstaller comme vous le souhaitez !

  • Je suis qui je suis, et je vaux ce que je veux : PERSONNE d’autre que moi-même n’a le droit d’évaluer ma valeur en tant que personne ; ce qui ne m’empêche pas d’avoir envie d’évoluer, ou d’utiliser les feedbacks que me donnent les gens (parfois maladroitement ou même violemment), bien au contraire.
  • Je fais toujours ce que je veux : parfois un peu à contre-coeur ou avec des contraintes dont je dois tenir compte, mais je CHOISIS, j’ai toujours le choix de faire quelque chose ou pas, et donc j’assume mes « oui » et mes « non » pleinement, sans pleurnicher que c’est trop injuste, ou faire peser la faute sur autrui.
  • Je m’en fous d’être heureux : ce que je veux c’est être libre. Intérieurement. Et oui, ça me rend plus heureux. Mais de courir après le bonheur comme une fin en soi ne fonctionne pas, et de rechercher le plaisir seul, encore moins. Alors mon objectif, c’est de gagner en liberté, et pour ça je dois me connaître et me comprends moi-même.
  • Peu importe la merde qui me tombe dessus, si je ne meurs pas je peux apprendre quelque chose (sur moi ou sur le monde, et le plus souvent les deux) : et encore, c’est pas dit que je n’apprenne pas encore après ma mort ; ça reste à prouver ; mais l’adversité permet de mieux se connaître ; et donc d’être plus libre, et donc plus heureux… et donc plus j’en prends plein la gueule, plus je sors les dents.
  • La douleur est une constante, mais la souffrance est un choix : la souffrance, c’est la frustration de voir notre toute-puissance entamée par la douleur qu’on ne peut pas contrôler. Lâcher la toute-puissance, c’est lâcher la souffrance.
  • Je ne peux pas tout contrôler, mais je ne vais pas me priver pour contrôler ce que je peux contrôler : lâcher prise, c’est se concentrer sur ce sur quoi on a prise, tout le reste est une forme de branlette désagréable (voir le point précédent). Ce que je peux contrôler, essentiellement, c’est moi-même et la liste des croyances que j’installe et désinstalle de mon système.
  • Je ne négocie pas avec les terroristes. Celui qui veut me faire plier par la force ou la ruse est une aubaine : il me pousse à voir les endroits où j’ai des failles, des attachements, des angles-morts où je cherche encore à contrôler des choses que je ne peux pas contrôler, etc. Alors par principe, je ne plie pas. J’utilise ce mauvais moment à passer (douleur) pour apprendre sur moi-même, et qu’ils aillent se faire foutre.
  • A vaincre sans péril, on triomphe. Et basta. Et si un jour vous vous retrouvez dans une bagarre à la loyale, c’est que votre tactique est vraiment à chier. Le sport, c’est pour les gens qui aiment se fatiguer pour briller. Moi, je m’en tape. Si je peux obtenir un résultat similaire avec un effort minimal, je ne vais pas me priver. Alors j’optimise, et j’utilise la méthode qui me demande le moins d’efforts. Ca me permet d’en faire plus, ou de me reposer, aussi. C’est pas mal.
  • Je peux aimer tout ce qui vit. Vraiment tout le monde. Même le pire des monstres. Et même les arbres et les cailloux. Ca n’ m’oblige pas pour autant à être en lien avec, ou de cautionner son comportement, ou même de le laisser vivre. L’amour et la relation sont deux choses différentes. D’ailleurs l’amour n’est pas un sentiment. C’est bien plus vaste que ça.
  • Il n’y a que les morts qui ne transpirent pas. Et oui, même si je cherche l’option la plus facile, la vérité c’est que la vie n’est pas toujours douce, rose, facile et lubrifiée. Et que parfois ça pique les yeux. Et c’est tant mieux. Les difficultés nous aident à devenir nous-mêmes et à révéler notre vrai potentiel. Pas de héros sans bagarre.
  • J’ai le droit d’être fier ! Ce que j’ai réussi à faire, a fortiori quand c’était dur et que j’ai réussi quand-même, ben j’ai le droit d’en être fier. Ca ne veut pas dire prendre la grosse tête. On a le droit d’être fiers ET de se remettre en question en même temps pour évoluer. Et au final c’est ça l’important. Evoluer.

Pour « installer », « mettre à jour » ou « désinstaller » une croyance, plein de techniques existent. Une des plus facile est de se la dire en boucle, en formulant les choses toujours par la positive. Comme si c’était déjà une réalité. Comme j’ai fait plus haut. Vous pouvez l’écrire sur des post-ils et la coller partout. Vous pouvez utiliser la technique de votre choix, au final. Et choisissez bien, parce que ça marche vraiment. Et gardez bien à l’esprit que si ça n’est pas vraiment bon pour vous ou que votre système n’est pas compatible, la croyance ne pourra simplement pas s’installer vraiment.

Pour le reste, apprenez à stabiliser votre attention (le travail corporel est très précieux pour ça, mais la méditation fonctionne aussi). Apprenez à gérer votre stress par la respiration et le contrôle de l’attention. Et n’oubliez pas de rigoler de tout le reste. Parce que par les temps qui courent, il vaut mieux avoir un solide sens de l’humour 😉